SNAP Canada

Un nouveau permis de forage pétrolier menace le plus vaste refuge marin du Canada atlantique

Le 20 novembre 2020, OTTAWA (Ontario) – La Société pour la nature et les parcs du Canada (SNAP) est très préoccupée par l’annonce de l’octroi à la société pétrolière BP d’une licence de forage pétrolier exploratoire dans le refuge marin du talus nord-est de Terre-Neuve.

Les concessions d’exploration pétrolière et gazière couvriront désormais près d’un quart de la superficie du refuge marin du talus nord-est de Terre-Neuve. Une telle situation contraste fortement avec les interdictions rigoureuses imposées à la pêche de contact avec le fond, y compris le chalutage de fond, dans tout le site, interdictions qui visent à protéger les coraux et les éponges d’eau froide.

La Fermeture du talus nord-est de Terre-Neuve a été désignée comme « refuge marin » par le ministère des Pêches et des Océans (MPO) en 2017 pour protéger les coraux et les éponges d’eau froide fragiles et à croissance lente qui constituent un habitat essentiel pour les poissons. Couvrant plus de 55 000 km2, il s’agit du plus vaste refuge marin du Canada atlantique, qui a d’ailleurs largement contribué à ce que le Canada atteigne son objectif de protéger 10 % des aires marines et côtières à l’horizon 2020.

« Le forage d’exploration pétrolière et gazière aurait pour effet de détruire les coraux sur le site de forage et de faire remonter des sédiments qui étouffent les coraux et les éponges sur une grande surface », explique Tanya Edwards », directrice générale, SNAP Terre-Neuve-et-Labrador. « Toute infrastructure sur le fond marin, comme des engins de forage ou des ancrages, endommagerait également les coraux et les éponges, sans compter les conséquences dévastatrices des fuites de pétrole sur le site de forage ». 

Parallèlement aux dommages directs causés par les forages, les levés sismiques utilisés pour détecter les gisements de pétrole et de gaz produisent des sons de haute intensité, dont il a été démontré qu’ils affectent toutes sortes d’espèces, des baleines au plancton. Une fois en service, une plate-forme pétrolière pose de nombreuses menaces à la vie marine, notamment des déversements de pétrole chroniques et catastrophiques.

« Le fait d’autoriser les activités pétrolières et gazières entraînera des dommages irréversibles à cet écosystème. Qui plus est, on observe une pratique de deux poids, deux mesures du fait d’interdire les activités de pêche de fond dans cette zone, mais d’y permettre les activités pétrolières et gazières. Or, la protection doit être intégrale et équitable », fait valoir Mme Edwards. « La communauté des pêcheurs a reconnu la valeur de cette zone et a accepté de protéger cet important habitat – nous voulons voir l’industrie pétrolière et gazière faire la même chose ».

En 2019, le Canada a annoncé qu’il était parvenu à protéger près de 14 % de ses océans, et il s’est récemment engagé à en protéger 30 % d’ici 2030. À l’heure actuelle, les refuges marins (également appelés « autres mesures de conservation efficaces ») représentent environ 5 % de la superficie totale protégée.

Le Canada a également annoncé en 2019 des normes minimales pour les aires marines protégées qui y interdisent toute activité pétrolière et gazière. Toutefois, ces normes ne s’appliquent pas actuellement aux refuges marins. « Et ce, malgré le fait que les refuges visent à assurer le même niveau de protection et les mêmes avantages en matière de biodiversité que les aires marines protégées », souligne Alex Barron, directrice nationale du Programme des océans de la SNAP.

D’après des études scientifiques, il faut protéger au moins 30 % des océans – et  jusqu’à entre 50 % et 70 % – pour les remettre en bonne santé. « Mais il ne suffit pas de tracer des lignes sur les cartes. Il faut aussi s’assurer que tous ces sites sont protégés efficacement, ce qui veut dire que les activités pétrolières et gazières y sont interdites », ajoute Mme Barron.

Contexte

« Une zone géographiquement délimitée, autre qu’une aire protégée, qui est réglementée et gérée de façon à obtenir des résultats positifs et durables à long terme pour la conservation in situ de la diversité biologique , y compris des fonctions et services écosystémiques connexes et, le cas échéant, des valeurs culturelles, spirituelles, socioéconomiques et d’autres valeurs pertinentes localement »

Au sujet de la SNAP

La Société pour la nature et les parcs du Canada (SNAP) est le seul organisme de bienfaisance pancanadien qui se consacre exclusivement à la protection de nos terres publiques, de nos océans et de nos eaux intérieures, et qui veille à ce que nos parcs soient gérés de manière à protéger la nature qui y vit. Depuis 1963, nous avons joué un rôle de chef de file pour assurer la protection de plus d’un demi-million de kilomètres carrés de milieux naturels. Notre vision est de protéger au moins la moitié des terres et des eaux publiques du Canada dans un cadre de réconciliation au profit des espèces sauvages et des êtres humains. Pour en savoir plus sur la SNAP et son travail en faveur de la protection du patrimoine naturel du Canada, rendez-vous sur snapcanada.org, ou le site Web pour la section de Terre-Neuve-et-Labrador, cpawsnl.org.

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Pour de plus amples renseignements, veuillez communiquer avec :

Tanya Edwards
Directrice générale, SNAP Terre-Neuve-et-Labrador
[email protected] | 709-727-7789

Alexandra Barron
Directrice nationale, Programme des océans, SNAP
[email protected] | 250-285-2172