SNAP Canada

La conservation doit être guidée par une vision autochtone

Entrevue avec Lorraine Netro

« Nous sommes les gardiens des terres, des eaux et des animaux depuis des temps immémoriaux. » Photo : Lorraine Netro

Si Lorraine Netro, une aînée de la Première Nation des Gwich’in Vuntut, devait écrire un guide pratique sur la protection des terres et des eaux du Canada, sa première instruction serait simple : « Avant tout, il faut parler aux premiers occupants du territoire. »

Lorraine Netro est une icône canadienne de la protection de l’environnement, célèbre pour le combat qu’elle mène depuis plusieurs dizaines d’années afin de protéger la réserve faunique nationale de l’Arctique, de l’autre côté de la frontière, en Alaska. Cette réserve faunique américaine, dont le statut de protection contre les projets d’exploitation d’hydrocarbures change au gré des gouvernements, abrite les aires de mise bas du caribou de la Porcupine.

Souvent considéré comme le plus important troupeau de caribous de la toundra en Amérique du Nord, les quelques 218 000 caribous de la Porcupine s’aventurent chaque année jusqu’à 2 400 kilomètres en territoire canadien. Leur voie de migration passe depuis des générations par l’emplacement de la maison de madame Netro à Old Crow, au Yukon. « Le caribou de la Porcupine a assuré la subsistance de notre peuple pendant des milliers d’années, explique-t-elle. Tous les aspects de notre mode de vie traditionnel en dépendent. »

Pour la lauréate 2021 du Prix Glen Davis de leadership en conservation, décerné par la SNAP Canada et le WWF-Canada, le travail accompli afin de sauver la réserve faunique nationale de l’Arctique est riche d’enseignements pour le Canada, qui entend protéger 30 % de ses terres et de ses océans d’ici 2030. « Nous devons tous être assis à la même table, souligne la militante, et nous assurer que les Autochtones y ont une voix privilégiée, car nous sommes les gardiens des terres, des eaux et des animaux depuis des temps immémoriaux. »

Voilà des années qu’avec l’aide d’organismes comme la SNAP Canada, madame Netro et la Première Nation des Gwich’in Vuntut parviennent à attirer l’attention d’Ottawa, du gouvernement territorial et d’autres parties prenantes sur les enjeux importants pour les communautés Gwich’in du Yukon et, par extension, sur des enjeux fondamentaux pour la conservation du Nord.

« Nous devons tenir compte de la vision autochtone de la conservation de ces terres ancestrales. C’est la première chose à faire, soutient-elle. Les Premières Nations sont les expertes de leurs territoires ancestraux, et cela vaut partout au Canada. Pendant toutes ces années, nos aînés ont su nous guider. Il est de notre devoir de veiller à ce que nos terres sacrées soient protégées pour toujours, pour toutes les générations futures. »

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CET ARTICLE A ÉTÉ PUBLIÉ DANS LE NUMÉRO PRINTEMPS/ÉTÉ 2022 DE TOUTE NATURE.