SNAP Canada

Opinion : La Saskatchewan reste le cancre de la conservation au Canada

La Saskatchewan fait commerce des terres provinciales à des intérêts privés et dilapide les terres vouées à la conservation.

À compter de mercredi jusqu’au 19 décembre, des délégations officielles du monde entier se rassembleront à Montréal dans le cadre de la 15e Conférence des Parties à la Convention des Nations Unies sur la biodiversité – la COP15. L’abondance et la diversité de la vie sur Terre seront les enjeux majeur des discussions.

Le Canada a été l’un des premiers pays à signer, en 1992, la Convention et à adhérer à son objectif de protection de la nature. Mais la Saskatchewan n’a jamais semblé s’en soucier.

Lisez l’éditorial publié dans Saskatoon Starphoenix le 7 decembre 2022. (en Anglais)

Texte intégral ci-dessous.


La Saskatchewan reste le cancre de la conservation au Canada

PAR ANDREA OLIVE 7 DÉCEMBRE 2022

La Saskatchewan fait commerce des terres provinciales à des intérêts privés et dilapide les terres vouées à la conservation.

À compter de mercredi jusqu’au 19 décembre, des délégations officielles du monde entier se rassembleront à Montréal dans le cadre de la 15e Conférence des Parties à la Convention des Nations Unies sur la biodiversité – la COP15. L’abondance et la diversité de la vie sur Terre seront les enjeux majeur des discussions.

Le Canada a été l’un des premiers pays à signer, en 1992, la Convention et à adhérer à son objectif de protection de la nature. Mais la Saskatchewan n’a jamais semblé s’en soucier.

À notre connaissance, la province ne s’est même pas donnée la peine de désigner un représentant au sein de la délégation canadienne à Montréal. La raison tient peut-être au fait que le gouvernement provincial a fait très peu pour protéger la biodiversité et n’a apparemment aucun plan en ce sens dans un avenir proche.

Le problème ne vient pas de Scott Moe. Le problème ne vient pas du Parti saskatchewanais. Le problème réside dans la province de la Saskatchewan elle-même.

Le Canada a adopté sa législation nationale – la Loi sur les espèces en péril – il y a 20 ans. Et il y a presque 25 ans, les provinces, dont la Saskatchewan, ont signé l’Accord national sur les espèces en péril, s’engageant par le fait même à adopter une législation autonome et rigoureuse.

À leur grande honte, quatre provinces n’ont pas adopté la législation exigée : l’Île-du-Prince-Édouard, la Colombie-Britannique, l’Alberta et la Saskatchewan.

En 1998, la Saskatchewan a modifié sa Loi sur la faune pour garantir la protection de certaines espèces reconnues comme en voie de disparition. Le gouvernement a inscrit 10 espèces sur la liste à ce moment-là, mais depuis, aucune n’y a été ajoutée ou retirée. Le gouvernement ne s’est pas donné la peine non plus de mettre en œuvre des plans de rétablissement pour ces espèces.

Et ne vous fatiguez pas à poser des questions sur la conservation des habitats ou des terres. Il y a environ vingt ans, nous avions fixé l’objectif de consacrer 12 % des terres de la province à la conservation. Cet objectif n’a toujours pas été atteint.

À l’heure actuelle, alors que le Canada s’efforce d’atteindre un objectif de conservation de 30 % de ses terres d’ici 2030, la Saskatchewan semble aller à contre-courant de cet objectif. En effet, elle s’est lancée dans la fâcheuse opération de vendre les terres provinciales à des intérêts privés et de dilapider les terres vouées à la conservation.

À la faveur du démantèlement, en 2013, des pâturages communautaires de l’Administration fédérale du rétablissement agricole des Prairies et de la fermeture, en 2017, des pâturages communautaires provinciaux, le gouvernement du Parti saskatchewanais s’est retrouvé dans une position de gestionnaire de terres de grande valeur.

Il en a vendu la majeure partie. Certaines d’entre elles sont assujetties à des restrictions en matière d’utilisation, mais dans l’ensemble, il s’agit d’un délestage massif de terres protégées au profit d’intérêts privés qui a par ailleurs soulevé des objections de la part des gouvernements et des organisations autochtones.

Contrairement à des provinces comme le Manitoba, la Nouvelle-Écosse et l’Ontario, la Saskatchewan n’a pas de loi sur les espèces en péril ou sur la biodiversité. La province n’a pas non plus d’initiatives politiques portant sur les solutions fondées sur la nature pour contrer les changements climatiques ou la perte de biodiversité.

Notre gouvernement ne manifeste aucun intérêt pour les aires protégées autochtones, même si les communautés autochtones de la province ont la capacité, la volonté et les moyens de protéger leurs terres au profit de la nature.

On ne peut le nier : la Saskatchewan est le cancre de la conservation de la biodiversité au Canada. Mais cela ne devrait pas être une fatalité.

Que le gouvernement veuille ou non en assumer la responsabilité, nous sommes tous et toutes les responsables de l’écosystème des prairies, du delta de la rivière Saskatchewan, de la forêt boréale et de bien d’autres richesses naturelles.

Nous sommes collectivement responsables du sort de la chevêche des terriers, des merles bleus, du renard véloce, du bison et du caribou. Et je suis persuadée que la population de la Saskatchewan se soucie de la nature. Il est grand temps que le gouvernement provincial se réveille et accepte de relever le défi.

—————–
Andrea Olive est professeure à l’Université de Toronto et membre du conseil d’administration de la Société pour la nature et les parcs du Canada, section Saskatchewan (SNAP SK).