RÉFLEXIONS ET PROCHAINES ÉTAPES POUR LA NATURE
La COP 16 a révélé une dynamique croissante en faveur de la protection de la nature, comme en témoigne la mobilisation accrue de secteurs de la société pour lutter contre les graves crises du climat et de la biodiversité qui menacent aujourd’hui le bien-être des populations et de la planète.
Tenue à Cali, en Colombie, la COP 16 a été la plus grande COP jamais organisée sur la biodiversité – elle a accueilli plus de 23 000 délégués, et a compté sur une participation accrue des peuples autochtones, des représentants du monde des affaires et de la finance, ainsi que des gouvernements infranationaux. Un tel engouement est un signe encourageant que la société en général reconnaît l’importance cruciale d’une nature en bonne santé et la nécessité d’une action urgente de la part des pouvoirs publics et de la société pour contrer efficacement les crises du climat et de la biodiversité.
Comme il s’agissait de la première conférence des parties depuis l’adoption, il y a deux ans à Montréal lors de la COP 15, du Cadre mondial pour la biodiversité (CMB), le volet officiel de cette rencontre a été largement axé sur la mise en œuvre de ce cadre. Les négociateurs des pays ont travaillé d’arrache-pied pendant près de deux semaines pour traiter un ordre du jour bien rempli prévoyant 25 décisions. Il convient de féliciter l’équipe de négociateurs canadiens qui a joué un rôle constructif et positif, notamment en défendant les droits des peuples autochtones et leur participation à la conférence. L’équipe a contribué à l’adoption de plusieurs décisions fructueuses, comme le renforcement de la participation des peuples autochtones à la Convention sur la diversité biologique et l’adoption d’un processus consensuel de recensement des zones d’importance écologique et biologique dans les océans, ce qui constitue une étape importante vers l’établissement d’aires marines protégées en haute mer.
Toutefois, il reste encore beaucoup de travail à accomplir, notamment la très importante question de financer adéquatement la mise en œuvre des engagements prévus dans le CMB. Deux grands thèmes à l’ordre du jour de la COP 16 n’ont pas été réglés : les décisions concernant la mobilisation des ressources pour la mise en œuvre du CMB et le mécanisme de suivi des progrès accomplis dans la réalisation des objectifs et des cibles énoncés dans le cadre. Bien que cela soit préoccupant, la COP 16 se réunira à nouveau en février 2025 pour poursuivre et, espérons-le, achever ce travail important.
Pays doté d’un immense domaine terrestre et de l’un des plus vastes territoires océaniques de la planète à protéger, le Canada a fait preuve d’un solide leadership en matière de conservation de la biodiversité en contribuant à la conclusion, en 2022, d’un ambitieux accord mondial pour la sauvegarde de la nature, et en élaborant une stratégie nationale pour mettre en œuvre les engagements qui y sont pris, en particulier la protection d’au moins 30 % des terres et des océans d’ici 2030 (30×30). Pour poursuivre ce rôle de chef de file, le gouvernement fédéral doit s’assurer de fournir les ressources adéquates à la mise en œuvre efficace de la nouvelle stratégie canadienne, notamment en renouvelant ses investissements dans le budget 2025 pour tenir son engagement « 30×30 ». Il doit également adopter et mettre en œuvre une loi rigoureuse sur la responsabilité envers la nature afin d’intégrer ces engagements mondiaux dans le cadre législatif canadien.
FAITS SAILLANTS DE LA COP 16 – au-delà des négociations officielles
En dehors des négociations officielles, il régnait une atmosphère très positive alors que des milliers de délégués discutaient des actions nécessaires à la réalisation de leur objectif commun de valorisation et de protection de la nature.
La SNAP Canada a organisé plusieurs événements et réceptions pendant la COP 16, lesquels ont été décrits dans notre blogue précédent.
La conservation menée par les Autochtones au centre de l’attention
En plus d’une décision positive sur le renforcement de la participation des peuples autochtones à la Convention sur la diversité biologique, de nombreux événements ont souligné le rôle important des peuples autochtones dans la conservation et l’intendance de la biodiversité, à l’échelle mondiale et au Canada.
Il s’agissait notamment d’événements portant sur le réseau des gardiens autochtones, qui prend de l’ampleur au Canada, et sur les initiatives autochtones dans le cadre du financement de projets pour la permanence (PFP), annoncées lors de la COP 15 par le premier ministre, ainsi que l’investissement de 800 millions de dollars destiné à leur mise en œuvre. Ces exemples prometteurs de solutions pour un avenir meilleur ont suscité un vif intérêt auprès des délégués du monde entier.
Le leadership des autorités infranationales était très présent
Le Québec a fait figure de chef de file lors de la COP 16, que ce soit par la tenue de la Place Québec – un grand espace inclusif propice aux événements et aux échanges – l’organisation de nombreux événements mettant en évidence le rôle important des gouvernements infranationaux dans la concrétisation des engagements nationaux en matière de biodiversité ou encore la participation à de tels événements. Juste avant la COP 16, le gouvernement du Québec a lancé un vaste plan d’action pour la nature – le Plan nature – dont le financement est confirmé. Pendant la COP 16, il a également annoncé une contribution de 2 millions de dollars au Fonds Kunming-Montréal pour la biodiversité, devenant ainsi le premier gouvernement infranational à contribuer à ce fonds.
En collaboration avec la Californie, le Québec a également organisé un événement pour présenter le nouveau groupe de travail des gouvernements infranationaux qu’ils président dans le cadre de la Coalition de la haute ambition pour la nature et les peuples. Ce groupe de travail vise à fournir aux administrations provinciales, territoriales, étatiques, municipales et autres pouvoirs publics infranationaux qui se sont engagés à atteindre l’objectif 30×30 une tribune leur permettant de se soutenir mutuellement dans la réalisation de leur objectif commun. Étant donné leur engagement vis-à-vis de l’objectif 30×30, nous espérons que la Colombie-Britannique et le Manitoba rejoindront bientôt ce groupe enthousiaste et en expansion de leaders de gouvernements infranationaux.
Participation des milieux des affaires et de la finance
Le financement de la conservation de la biodiversité est un défi de longue date. On espère que la COP 16 aura marqué un tournant, vu que plus de 1 000 délégués des milieux des affaires et de la finance ont discuté de moyens de réorienter les modèles économiques afin de mieux valoriser la nature et de mobiliser les ressources nécessaires à sa conservation.
Les délégués de la SNAP Canada ont participé à plusieurs sessions, dont le Sommet mondial sur la biodiversité, où les discussions ont notamment porté sur la manière de mieux tenir compte de la valeur de la nature dans les décisions budgétaires et sur la manière de réformer les subventions gouvernementales néfastes pour la nature afin qu’elles servent plutôt à favoriser les activités bénéfiques pour celle-ci.
Cali a accueilli la COP les bras grands ouverts
En plus du centre de conférence proprement dit, on sentait la présence de la COP 16 dans toute la ville. Le logo COP 16 était partout. Dans une vaste « zone verte » aménagée dans le centre-ville, on trouvait des kiosques, des artisans et des événements éducatifs et culturels. Cet espace festif et ouvert au public était bondé du matin jusque tard dans la nuit et permettait aux citoyens de Cali de côtoyer les délégués de la conférence pour célébrer la biodiversité et en apprendre davantage à ce sujet.
Adopté il y a deux ans à Montréal, le Cadre mondial pour la biodiversité (CMB) souligne que la protection de la nature doit être une responsabilité collective, et pas seulement celle des écologistes et des gouvernements nationaux, et que cette tâche nécessitera une transformation à grande échelle de nos systèmes économiques et de nos processus décisionnels. Il reste encore beaucoup de travail à faire, mais de voir une aussi large représentation à la COP 16 en Colombie insuffle un élan prometteur pour la réalisation de cet objectif.
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