Row of wind turbines in the water

SNAP Canada

Le vent du changement : Lutter contre les changements climatiques sans sacrifier nos océans

En 2014, peu après mon arrivée à la SNAP Canada, un spectacle déchirant s’est déroulé le long de la côte du Pacifique. Des centaines de milliers de stariques de Cassin morts – de petits oiseaux marins à l’air plutôt morne, cousin introverti du macareux – ont échoué sur la côte. Le coupable probable? Une énorme étendue d’eau anormalement chaude en saison dans le Pacifique, surnommée THE BLOB, qui a détruit le plancton dont ces oiseaux (et d’innombrables autres) dépendent pour se nourrir. C’était un signal d’alarme.

Je vous raconte cette histoire parce que, comme beaucoup d’autres, elle illustre la raison pour laquelle la SNAP Canada travaille si fort pour défendre la vie marine et les collectivités côtières contre les activités humaines nuisibles. Nous devons désespérément investir dans les énergies renouvelables et les technologies à faible teneur en carbone pour réduire les émissions de carbone et, espérons-le, les répercussions des changements climatiques. Mais la manière dont nous le ferons est importante.

Voilà pourquoi la SNAP Canada tire la sonnette d’alarme au sujet d’une récente proposition visant à autoriser des projets d’énergie éolienne industrielle dans deux zones protégées existantes et proposées au large des côtes de la Nouvelle-Écosse : le refuge marin des bancs Western et Emerald et le banc de l’île de Sable. Ces endroits ne sont pas simplement des coordonnées sur une carte – ce sont des points névralgiques biologiques, grouillants de vie et essentiels pour la santé de nos pêches et de nos écosystèmes marins.

Carte des aires protégées en relation avec les zones proposées pour l'énergie éolienne

Quels sont les enjeux?

Le refuge marin des bancs Western et Emerald a été identifié pour la première fois pour la protection par les pêcheurs il y a plus de 30 ans. Ils ont vu de leurs propres yeux à quel point ce secteur est essentiel pour les poissons de fond comme la morue et l’églefin, que l’on trouve habituellement près du fond de l’océan. Ces pêcheurs savaient que pour protéger le poisson et leurs propres moyens de subsistance, ils devaient protéger ce fragile écosystème. Il est devenu un refuge marin en 2017, afin de reconnaître et protéger ses riches habitats des fonds marins, qui créent un monde sous-marin sécuritaire et florissant dans lequel les poissons adultes peuvent se reproduire et les bébés poissons peuvent grandir.

Photo : La pêche au homard en Nouvelle-Écosse par Roxane Bay

Photo : Queue de baleine à bosse par Robert

Le banc de l’île de Sable, également une aire protégée proposée, est tout aussi riche. Il s’agit d’un lieu de reproduction vital pour l’églefin et d’autres poissons de fond, un habitat important pour de nombreuses autres espèces de poissons, et il abrite des populations abondantes et diversifiées d’invertébrés comme les pétoncles et les crabes. Ces espèces soutiennent les pêches et nourrissent les communautés.

L’installation de parcs éoliens industriels ici pourrait défaire tout cela. Si le développement industriel de l’éolien est autorisé dans ces régions, il entraînerait :

  • Des dommages causés aux fonds marins par les ancres, les fondations des turbines et les câbles, qui détruisent les habitats vulnérables.
  • De la pollution chimique générée par des agents antisalissures et des lubrifiants utilisés dans l’entretien des turbines.
  • Du bruit et des vibrations provenant de l’exploitation des turbines et du trafic maritime, perturbant la communication d’espèces comme les baleines.
  • Des risques de collision : les mammifères marins peuvent entrer en collision avec les infrastructures des turbines et les navires qui les entretiennent.

L’action climatique ne peut pas signifier une hausse des dommages écologiques : il y a une meilleure solution

Nous avons besoin de plus d’énergie éolienne. Mais la construction d’éoliennes au mauvais endroit pourrait causer des dommages durables aux mêmes zones importantes sur le plan écologique que nous essayons de sauver des changements climatiques.

Il est également important de se rappeler que les écosystèmes prospères et la biodiversité sont importants pour atténuer les effets des changements climatiques. Les écosystèmes biodiversifiés agissent comme des puits de carbone naturels en incorporant le carbone dans la biomasse des organismes marins et en facilitant le piégeage à long terme du carbone dans les eaux océaniques profondes et les sédiments des fonds marins.

C’est pourquoi la planification de la conservation est essentielle. Des réseaux comme le Réseau de conservation du plateau néo-écossais et de la baie de Fundy sont conçus pour cartographier les zones océaniques trop importantes pour être menacées – des endroits où les coraux poussent, où les poissons se reproduisent et où la vie marine prospère. Ce sont les fondements d’un océan sain et, en les respectant, nous protégeons les pêches, les collectivités et la vie marine.

La lutte contre les changements climatiques et la protection de la nature doivent aller de pair. Nous pouvons construire des projets d’énergie renouvelable à faible impact et de grande valeur, mais nous devons les empêcher d’accéder aux zones marines les plus sensibles.

Les pêcheurs, les scientifiques, les défenseurs de l’environnement et les dirigeants autochtones ont déjà déterminé ce qui doit être protégé. C’est maintenant au gouvernement et à l’industrie de les écouter.

Photo : Loup atlantique par Detlef Denne

Ne troquons pas une crise environnementale contre une autre.

Article écrit par :

Alex Barron
Directrice nationale, Programme des océans
SNAP Canada
LinkedIn

Madie Stewart, Manager, Marine Programs at CPAWS Nova Scotia

Madie Stewart
Gestionnaire, Programmes marins
SNAP Nouvelle-Écosse
LinkedIn

Jennifer Lee Thomas, National Director, Comunications & Philanthropy

Jennifer-Lee Thomas
Directrice nationale, Communications et Philanthropie
SNAP Canada
LinkedIn

Bannière supérieure: Éoliennes par chrisrt

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