Photos: Ryan Stone (panorama), Elena Elisseeva (lac), iStock (varech)
À ce stade, nul besoin de vous parler des menaces auxquelles nous sommes tous confrontés en raison des changements climatiques ou de l’effondrement continu de la biodiversité dans le monde. Le Canada n’est malheureusement pas à l’abri de ces menaces. En réponse, notre pays s’est engagé à réduire les émissions de carbone de 40 % à 45 % par rapport aux niveaux de 2005 d’ici 2030 et à atteindre la carboneutralité d’ici 20501. Nous nous sommes également engagés à protéger au moins 30 % des terres et des océans d’ici 2030 dans le cadre de notre stratégie pour sauver la nature2.
Mais saviez-vous que ces deux engagements sont liés ?💙 💚
Les aires protégées, qui constituent des outils essentiels pour la protection de la biodiversité, sont également des éléments essentiels de la stratégie de lutte contre les changements climatiques. Et vous savez à quel point nous aimons les aires protégées à la SNAP Canada ! En décembre dernier, nous avons publié un rapport réalisé par Risa B. Smith, Ph.D., intitulé « Les aires protégées – Une solution climatique fondée sur la nature »3. Ce rapport, qui examine les fondements scientifiques de l’utilisation des aires protégées pour l’action climatique, a mené à l’élaboration de notre nouvelle note de politique, qui explique que le Canada peut exploiter le pouvoir des aires protégées pour aider à atteindre ses objectifs climatiques. 🍃
Nous avons préparé cet article pour vous donner un aperçu des aires protégées en tant que pilier de l’action climatique du Canada : ce que sont les solutions climatiques fondées sur la nature (SCFN), pourquoi les aires protégées sont une stratégie essentielle pour le climat ET la nature, le rôle des peuples autochtones dans cette stratégie et ce que le Canada doit faire pour donner la priorité aux aires protégées afin d’atteindre ses objectifs climatiques.
Les solutions climatiques fondées sur la nature : de quoi s’agit-il?
Les solutions climatiques fondées sur la nature (SNCB) désignent des stratégies qui travaillent avec la nature (en protégeant, en gérant ou en restaurant les écosystèmes naturels) pour atténuer les effets des changements climatiques et s’y adapter, tout en soutenant la biodiversité4.
Par exemple, dans le nord du Manitoba, les nations autochtones dirigent les efforts visant à protéger un vaste paysage sauvage, le bassin hydrographique de la rivière Seal. Cette région, riche en valeurs fauniques et culturelles, stocke l’équivalent de huit années d’émissions de gaz à effet de serre du Canada dans ses sols, ses terres humides et ses tourbières!
Travailler avec la nature pour aider la nature – un accord gagnant-gagnant – est de plus en plus souvent considéré comme essentiel pour réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) et s’adapter aux impacts des changements climatiques à l’échelle mondiale.
Maintenant que nous savons ce que sont les SCFN, examinons comment les aires protégées s’intègrent dans cette approche. 🌳
Pourquoi les aires protégées sont-elles une excellente stratégie d’action climatique?
Le Canada abrite certains des écosystèmes les plus denses en carbone au monde.
Ces écosystèmes stockent d’énormes quantités de carbone dans la végétation, les sols ou les sédiments. La carte ci-dessous indique la quantité de carbone stocké par écozone, les plus grandes réserves de carbone se trouvant dans les basses terres de la baie d’Hudson.

Carte : Dr. Risa B. Smith
En protégeant davantage d’écosystèmes à forte teneur en carbone, nous pouvons empêcher des développements néfastes qui entraîneraient le rejet dans l’atmosphère de quantités massives de carbone provenant de la végétation et des sols. Des études montrent que les écosystèmes situés dans les zones protégées stockent plus de carbone et éliminent plus de CO2 de l’atmosphère que les zones situées en dehors des zones protégées5 6.
De plus, les aires protégées, comme les parcs nationaux, les aires protégées et de conservation autochtones (APCA) et les aires marines protégées (AMP), rendent la nature plus résiliente aux changements climatiques, car elles fournissent des refuges pour les espèces sauvages et permettent aux espèces en voie de disparition de se rétablir. 🦌
Malheureusement, les écosystèmes à forte teneur en carbone au Canada sont sous-représentés dans notre portefeuille actuel d’aires protégées, ce qui laisse la plupart des zones vulnérables aux pressions du développement.
La carte montre que de nombreuses régions du Canada ont à la fois une forte densité de carbone et une grande biodiversité, ce qui démontre à quel point il est important de les protéger. C’est là que réside le grand potentiel. L’élargissement de la protection à des zones qui ont une biodiversité élevée et de fortes teneurs en carbone pourrait contribuer grandement à l’atteinte de l’engagement 30×30 du Canada en matière de protection des terres et des océans, tout en contribuant aux cibles d’émissions du Canada.
- La protection annuelle de 900 km2 de forêts anciennes entraînerait une réduction des émissions de CO2 du Canada de 17,2 millions de tonnes d’ici 2030, soit 5 à 6 % des réductions promises pour 2030.
- Les basses terres de la baie d’Hudson, la deuxième plus grande tourbière au monde, ont absorbé l’équivalent de 11 % des émissions du Canada en 2020 et ont permis d’éviter l’émission de 30 milliards de tonnes de carbone stocké.

Cette carte montre le chevauchement entre la richesse en carbone des écosystèmes et l’« indice proactif de biodiversité », c’est-à-dire une suite de mesures qui illustrent l’importance de la biodiversité dans une zone donnée9.
Le savoir autochtone et la réconciliation doivent être au cœur de ce travail 🪶
Dans le passé, les peuples autochtones ont souvent été chassés de leurs terres au nom de la conservation. Cependant, il est de plus en plus reconnu que les peuples autochtones jouent un rôle essentiel dans la protection des écosystèmes et l’atténuation des changements climatiques.
La reconnaissance et le respect des droits, des responsabilités et de l’autodétermination des Autochtones, ainsi que la prise de décisions inclusives et le consentement préalable, libre et éclairé sont essentiels pour tous les efforts de protection des terres, des eaux intérieures et des océans. Les systèmes de connaissances autochtones, les traditions juridiques et les pratiques culturelles offrent de précieux renseignements et contributions pour la conservation et pour l’action climatique.
Que doit faire le Canada? Recommandations politiques pour l’action climatique📜
La SNAP Canada a élaboré plusieurs recommandations stratégiques qui aideront le pays à tirer profit du potentiel des aires protégées dans le cadre de sa stratégie climatique.
Ces recommandations visent à assurer la protection efficace des écosystèmes à forte teneur en carbone tout en respectant les droits des Autochtones et en contribuant à des objectifs plus larges en matière de climat et de biodiversité.
Voici quelques recommandations clés :
- Reconnaître que les aires protégées jouent un rôle clé dans l’action climatique et donner la priorité à la protection des zones à la fois riches en carbone et en biodiversité.
- Veiller à ce que le financement des solutions climatiques fondées sur la nature soutienne la protection des écosystèmes écologiquement importants et à forte teneur en carbone.
- Augmenter le financement durable des aires protégées et de conservation autochtones (APCA) et des solutions climatiques fondées sur la nature et dirigées par les Autochtones, et veiller à ce que les communautés autochtones bénéficient équitablement des efforts de conservation.
- Améliorer le système de comptabilisation du carbone du Canada afin de mieux refléter la valeur de la protection des écosystèmes riches en carbone.
- Et plusieurs autres…
Pour consulter la liste complète des recommandations politiques, veuillez consulter notre note de politique.
Photo : Cathedral Grove, parc provincial MacMillan, île de Vancouver par Ferenc
Conclusion
Le Canada doit entreprendre de nombreuses actions pour atteindre ses objectifs de réduction des émissions d’ici 2030. Les solutions fondées sur la nature, en particulier celles qui impliquent la protection d’écosystèmes riches en carbone et en biodiversité, doivent figurer sur cette liste.
En élargissant les aires protégées et en veillant à ce que le leadership autochtone joue un rôle central dans les efforts de conservation, le Canada peut faire de réels progrès vers l’atteinte de ses objectifs en matière de climat et de biodiversité. Cette approche ne contribue pas seulement à réduire les émissions au niveau national et mondial, elle soutient également la santé des écosystèmes et les communautés, en nous mettant sur la voie d’un avenir plus résilient sur le plan climatique.
Avec les bonnes politiques, les bons investissements et les bons partenariats, le Canada peut montrer la voie en utilisant les aires protégées comme un outil puissant pour l’action climatique. ☁️
Vous devriez maintenant avoir une idée plus claire des raisons pour lesquelles les aires protégées sont une stratégie clé pour l’action climatique. Nous espérons que ces informations ont accru votre passion pour la protection de nos magnifiques paysages, lacs, rivières, côtes et océans! 💚💙
Faites savoir à vos représentants élus – en partageant nos recommandations politiques – que vous voulez qu’ils en fassent davantage pour protéger nos espaces naturels! ✍️
Sources:
- Gouvernement du Canada. La carboneutralité d’ici 2050 – ↩︎
- Gouvernement du Canada. La protection de la nature : l’histoire du Canada – ↩︎
- Risa B. Smith Les aires protégées, une solution climatique fondée sur la nature – ↩︎
- Gouvernement du Canada. Les solutions climatiques fondées sur la nature – ↩︎
- Hayashi, M., Van Der Kamp, G. et Rudolph, D. L. Water and solute transfer between a prairie wetland and adjacent uplands – ↩︎
- Graham, V. et coll. Southeast Asian protected areas are effective in conserving forest cover and forest carbon stocks compared to unprotected areas – ↩︎
- Drever, C. R. et al. Natural climate solutions for Canada – ↩︎
- Harris, L. I. et al. The essential carbon service provided by northern peatlands – ↩︎
- Soto-Navarro, C. et al. Mapping co-benefits for carbon storage and biodiversity to inform conservation policy and action – ↩︎
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