SNAP Canada

Opinion : Le leadership autochtone est essentiel pour les efforts de conservation

PAR: RON THIESSEN LE 5 DÉCEMBRE 2022

LE LEADERSHIP AUTOCHTONE EST ESSENTIEL POUR LES EFFORTS DE CONSERVATION

Par : Ron Thiessen

Nous vivons actuellement la plus importante perte mondiale d’espèces depuis la disparition des dinosaures.

Il reste l’espoir que les êtres mêmes qui ont causé cette extinction de masse – les humains – puissent travailler ensemble afin de sauver un million d’espèces animales et végétales qui risquent de disparaître à jamais.

Des chefs de file mondiaux se réuniront à Montréal ce mois-ci dans le cadre de la 15e Conférence de l’ONU (COP15) sur la diversité biologique afin (espérons-le) de signer un ambitieux plan pour la voie à suivre pour l’humanité en vue d’une relation durable avec la nature.

Voilà une occasion formidable pour le Manitoba de faire partie de la solution. Les peuples autochtones ouvrent la voie.

La Seal River Watershed Alliance travaille à l’établissement d’une aire protégée autochtone qui conserverait à l’état naturel une zone d’une superficie équivalente à la Nouvelle-Écosse. Il reste peu d’endroits comme celui-là sur la planète.

Chaque cours d’eau, lac ou rivière du bassin versant de 50 000 kilomètres carrés de la rivière Seal s’écoule librement, et son eau est pure.

On n’y retrouve rien d’autre qu’une paisible communauté et quelques chalets comme possibles obstacles aux caribous qui traversent les forêts, les terres humides et la toundra du bassin versant. Aucune route. Aucune ligne de transport d’électricité. Aucune mine. C’est à cela que ressemblaient généralement la plupart des régions du monde entier au tournant du siècle dernier, alors que le développement industriel était rare, que l’éclairage électrique était pour les citadins, et qu’à peine 15 pour cent de la superficie terrestre mondiale était utilisée pour l’agriculture.

Aujourd’hui, un énorme 75 pour cent de la superficie terrestre de la planète a été modifié par l’activité humaine. La plupart des sites naturels restants sont isolés et fragmentés. Si on sautait en parachute au milieu de 70 pour cent des forêts de la planète, on toucherait le sol à moins d’un kilomètre de la lisière d’une forêt.

Le rythme de la perte de nature est ahurissant. Il s’est perdu 1,9 million de kilomètres carrés de nature — une superficie équivalente au Mexique — entre 2000 et 2013. Les sites naturels sont maintenant tellement rares qu’une superficie de 10 000 km2 avec des niveaux de développement « minimes » est désormais classée comme étant « d’importance mondiale ».  Le bassin versant de la rivière Seal a cinq fois cette superficie, et 99,97 pour cent en est intact.

Le Canada compte parmi les plus de 100 pays qui ont reconnu la nécessité de préserver la nature en s’engageant à protéger 30 pour cent de ses terres et de ses océans d’ici 2030.

Notre survie est tributaire des forêts, des terres humides, des tourbières et des autres aires naturelles qui produisent l’oxygène que nous respirons, qui filtrent l’eau que nous buvons et qui captent le carbone que nous rejetons dans l’atmosphère.

Cependant, il ne suffit pas de préserver des zones isolées de nature à des endroits présentant peu de valeur pour le développement. Il nous faut protéger de façon permanente de vastes étendues à valeur de conservation élevée afin d’aider à atténuer les effets des changements climatiques et à enrayer la perte dévastatrice de biodiversité mondiale.

Il nous faut également mettre en place des corridors de conservation efficaces qui relient entre elles les aires protégées afin de maximiser leurs effets.

Les aires naturelles ne procurent pas autant d’avantages que souhaité lorsqu’elles sont isolées et fragmentées. Dans les habitats fragmentés, plus de la moitié des espèces présentes disparaissent en moins de 10 ans et on y constate une diminution radicale des nutriments dans le sol et de la biomasse.

Les sites naturels à grande échelle sont essentiels pour protéger la faune contre une extinction massive. Selon le Fonds mondial pour la nature, le monde a perdu environ 60 pour cent de ses mammifères, oiseaux, reptiles, amphibiens et poissons au cours des 40 dernières années.

Le Canada figure parmi la poignée de pays ayant de vastes étendues de nature intacte – des endroits comme le bassin versant de la rivière Seal – où il y a suffisamment de territoires pour l’épanouissement de la faune. Nous avons la responsabilité de préserver ces trésors mondiaux.

Stephanie Thorassie, directrice générale de la Seal River Watershed Alliance, sera à Montréal afin de parler des ambitieux plans du groupe lors de la COP15. La SNAP Manitoba est honorée de s’associer à l’Alliance dans ce projet remarquable.

Le respect de la souveraineté et du leadership des peuples autochtones et l’appui de la conservation menée par les Autochtones contribueront grandement à assurer l’avenir de la nature.

L’appui de la conservation menée par les Autochtones constitue un élément crucial de la réconciliation, ainsi que notre meilleure façon d’atteindre la cible de protection de 30 pour cent des terres et des océans du Canada.

Pour davantage d’information, consulter SealRiverWatershed.ca.

———————–
Ron Thiessen est le directeur général de la section manitobaine de la
 Société pour la nature et les parcs du Canada, qui vise à protéger la moitié des espaces sauvages pour les générations futures d’humains et de la faune.