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Opinion : La COP15 pourrait marquer un nouveau chapitre pour la protection de la nature en Colombie-Britannique

Cette semaine, des milliers de délégué·e·s se réunissent à Montréal dans le cadre de la Conférence des Nations Unies sur la biodiversité – la COP 15 – en vue de trouver des solutions à la perte de biodiversité dans le monde.

Et nous avons désespérément besoin d’une mobilisation mondiale : selon les recherches les plus récentes, un million d’espèces végétales et animales sont menacées d’extinction sur la planète. La biodiversité est aussi une variable qui pèse lourd dans la balance des changements climatiques, dans la mesure où la disparition d’écosystèmes essentiels entraîne la perte de la capacité de stockage du carbone dans les forêts anciennes, les prairies et les tourbières.

Lisez l’éditorial publié dans The Province le 7 decembre 2022. (en Anglais)

Texte intégral ci-dessous.


La COP15 pourrait marquer un nouveau chapitre pour la protection de la nature en Colombie-Britannique

Opinion : Pour concrétiser les objectifs ambitieux qui seront fixés à Montréal, nous avons besoin d’une législation qui assure la protection des espèces en péril

Par Tori Ball   7 déc. 2022

Cette semaine, des milliers de délégué·e·s se réunissent à Montréal dans le cadre de la Conférence des Nations Unies sur la biodiversité – la COP 15 – en vue de trouver des solutions à la perte de biodiversité dans le monde.

Et nous avons désespérément besoin d’une mobilisation mondiale : selon les recherches les plus récentes, un million d’espèces végétales et animales sont menacées d’extinction sur la planète. La biodiversité est aussi une variable qui pèse lourd dans la balance des changements climatiques, dans la mesure où la disparition d’écosystèmes essentiels entraîne la perte de la capacité de stockage du carbone dans les forêts anciennes, les prairies et les tourbières.

Je serai dans le public, pour écouter les membres des délégations, suivre ce qu’il s’y passe et faire valoir les intérêts de la Colombie-Britannique sur une question cruciale pour la santé et la prospérité de notre province.

La Colombie-Britannique est la province canadienne la plus diversifiée sur le plan écologique. On y ressent donc particulièrement l’impact de la crise de l’extinction.

Des espèces emblématiques comme le grizzli, le caribou et la chouette tachetée figurent parmi les 512 espèces animales que le gouvernement de la Colombie-Britannique recense actuellement comme en voie de disparition.

Pas plus tard que cet automne, une vidéo devenue virale montrait des dizaines de milliers de saumons morts dans le lit d’un ruisseau de la côte centrale de la Colombie-Britannique. Cette mortalité catastrophique des saumons, découverte par la Nation Heiltsuk dans le ruisseau Neekas, est une conséquence directe de la sécheresse.

Le Canada affirme qu’il est engagé à stopper et à inverser la perte de biodiversité. Mais comment cet engagement se concrétisera-t-il en Colombie-Britannique? Ce sont en fait les autorités provinciales et les leaders autochtones qui devront s’approprier le plan élaboré par la communauté internationale pour le mettre en œuvre à l’échelle locale.

Les propositions existantes d’aires protégées en Colombie-Britannique nous permettront d’atteindre les objectifs mondiaux en matière de biodiversité, notamment la protection de 30 % des terres et des eaux d’ici 2030.

En exprimant une vision de la conservation de leurs territoires traditionnels, les communautés autochtones montrent déjà la voie à suivre pour protéger la biodiversité et les cultures de leur territoire. Les recherches révèlent que la biodiversité est abondante sur les terres et les eaux gérées par les Autochtones. Ce constat sera mis de l’avant par les nombreux leaders autochtones qui présenteront à Montréal des récits d’espoir et de résilience provenant du monde entier.

Rien qu’en Colombie-Britannique, les propositions d’aires protégées couvriraient près de 100 000 km2, soit deux fois et demie la superficie de l’île de Vancouver. Ces propositions favoriseront le rétablissement d’espèces menacées, soutiendront les droits autochtones à la terre et à la culture et nous aideront à nous adapter aux conditions climatiques en perpétuel changement. L’aire protégée de Kaska Dena’s Dene K’éh Kusān n’est qu’une des propositions qui permettront de sauvegarder des bassins hydrographiques intacts et de créer un refuge pour que des espèces sauvages comme le caribou et l’orignal puissent s’adapter aux aléas climatiques.

Si nous souhaitons que la Colombie-Britannique devienne un havre de diversité biologique, il est temps de passer à l’action. Un sondage Nanos réalisé en 2022 a révélé que 70 % de la population britanno-colombienne est favorable à ce que le gouvernement se fixe des objectifs ambitieux en matière de protection de la nature, comme la protection de 30 % des terres et des eaux du Canada d’ici 2030.

L’arrivée au pouvoir d’un nouveau gouvernement à Victoria ouvre un nouveau chapitre pour les décisionnaires de la province. Pour concrétiser chez nous les objectifs ambitieux qui seront fixés à Montréal, nous aurons besoin de beaucoup plus que de belles paroles.

Il faudra, par exemple, adopter une législation qui garantit la protection des espèces en péril et fait de la santé des écosystèmes une priorité; moderniser nos lois sur les mines; fixer des objectifs clairs en matière de protection des terres et des océans; se doter d’une stratégie pour les zones marines côtières qui permettra à la vie marine et aux communautés côtières de connaître l’avenir qu’elles méritent.

Et tout cela doit être fait en conformité avec la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones, et dans le respect du leadership des premiers gardiens de la faune, des terres et des eaux qui sont notre source de vie à tous et à toutes.

La collaboration entre tous les pouvoirs publics est essentielle, et ce rassemblement mondial est une belle occasion de la mettre de l’avant. Comme l’a dit Elizabeth Maruma Mrema, responsable de la Conférence à Montréal : « nous avons la possibilité de créer l’équivalent de l’Accord de Paris pour la nature. »

Le monde entier aura les yeux rivés sur nous, et notamment la population britanno-colombienne.

Tori Ball est gestionnaire de la conservation terrestre à la Société pour la nature et les parcs du Canada, section Colombie-Britannique.