SNAP Canada

Les aires marines protégées sont utiles, les réseaux d’AMP sont encore mieux!!

Une mise à jour sur la planification de réseaux d’AMP au Canada

PAR: L’ÉQUIPE DU PROGRAMME DES OCÉANS DE LA SNAP

Pendant des décennies, les scientifiques ont suivi le déclin de la santé des océans, appelant à des mesures énergiques pour protéger et rétablir la vie marine et les écosystèmes océaniques. Ici, au Canada, ces changements se manifestent par l’effondrement des stocks de morue de Terre-Neuve et de certains stocks de saumon du Pacifique, par la situation critique des baleines menacées d’extinction et par la disparition des glaces marines et du varech.

La création d’aires marines protégées (AMP) est largement reconnue comme l’une des façons les plus efficaces de stopper ce déclin. Actuellement, près de 14 % des océans du Canada sont protégés, et le pays s’est engagé à en protéger 25 % d’ici 2025 et 30 % d’ici 2030 afin de contrer les effets sur les écosystèmes océaniques de la double crise causée par la perte de biodiversité et les changements climatiques.

Le fait de relier les AMP en réseaux aide à maximiser la valeur de conservation de ces aires protégées.

Les meilleurs réseaux d’AMP présentent les caractéristiques fondamentales suivantes:

  • REPRÉSENTATIVITÉ DES ESPÈCES: le réseau doit protéger un large éventail d’espèces, d’écosystèmes et de biodiversité représentatifs de la zone;
  • REPRODUCTION: le réseau doit comprendre plus d’un exemple de chaque type d’habitat ou d’écosystème;
  • VIABILITÉ: chaque AMP dans le réseau doit être suffisamment grande pour favoriser la protection adéquate de l’espèce ou de l’écosystème cible, et elle doit être conçue à cette fin;
  • CONNECTIVITÉ: le réseau doit protéger les liens écologiques entre les aires et les espèces, par exemple les habitats des juvéniles et des adultes.

Les réseaux d’AMP qui répondent à ces quatre critères de conception sont plus résilients et s’adaptent mieux aux changements climatiques. Ils offrent une sorte de police d’assurance écologique aux habitats, dont la santé peut être compromise dans une aire donnée et intacte dans une aire voisine. Les réseaux d’AMP contribuent à maintenir et à soutenir la biodiversité et l’intégrité écologique, et ils constituent des « aires d’atterrissage » sûres pour les espèces qui sont contraintes de migrer en raison des changements climatiques.

En assurant la protection de multiples sites sur une vaste zone, les réseaux d’AMP offrent une certaine souplesse en ce qui concerne la taille et l’espacement des aires protégées, ce qui facilite le maintien d’activités telles que la pêche et la navigation dans les zones adjacentes tout en assurant une solide protection aux AMP. Cela signifie que la planification d’un réseau peut aider à réduire les conflits et à minimiser les coûts de gestion et de surveillance des AMP tout en maximisant les avantages. Les processus fructueux de planification de réseaux d’AMP s’appuient sur la science et sur les connaissances locales et traditionnelles, et ils mettent à contribution de nombreuses parties prenantes afin de maximiser les avantages écologiques, sociaux et économiques.

Le Canada s’est engagé à créer des réseaux d’AMP dans cinq régions prioritaires, et les processus de consultation et de planification de ces réseaux en sont actuellement à différentes étapes. Deux des processus les plus avancés au Canada concernent la biorégion du plateau continental Nord, en Colombie-Britannique, et le plateau néo-écossais et de la baie de Fundy, dans les Maritimes.

LE RÉSEAU DE LA BIORÉGION DU PLATEAU NORD

Le plan de réseau d’AMP de la biorégion du plateau Nord, également connu sous le nom de mer de Great Bear, s’étend le long des côtes nord et centrales de la Colombie-Britannique. Cette région spectaculaire comprend la réserve d’aire marine nationale de conservation et le site du patrimoine haïda Gwaii Haanas, qui sont gérés conjointement, ainsi que la réserve nationale de faune en milieu marin des îles Scott et l’AMP des récifs d’éponges siliceuses du détroit d’Hécate et du bassin de la Reine-Charlotte.

Le processus de planification du réseau d’AMP de la biorégion du plateau Nord crée un précédent mondial, puisqu’il est élaboré et sera gouverné conjointement avec les Premières Nations côtières qui gèrent ces eaux depuis des milliers d’années.

Ce processus semblait sur le point de devenir le premier réseau d’AMP du Canada, mais il a connu d’importants retards en cours de route. La prochaine étape clé du processus est la publication d’un plan d’action pour une consultation publique, qui était attendue à l’automne 2021, mais qui n’a pas encore eu lieu.

LE RÉSEAU DU PLATEAU NÉO-ÉCOSSAIS ET DE LA BAIE DE FUNDY

Le plan de réseau du plateau néo-écossais et de la baie de Fundy est un exemple de réseau d’aires protégées bien conçu qui vise à assurer la protection à long terme des écosystèmes marins et côtiers tout en soutenant les moyens de subsistance des collectivités de la côte Est.

Une équipe dédiée travaille sur ce plan depuis près de dix ans. Après avoir été mis en suspens en 2017, les travaux ont repris en 2021 avec une vigueur renouvelée. Selon des indications récentes, le refuge marin des canyons orientaux et le chenal de Fundy-banc de Browns sont sur le point de recevoir une protection juridique.

L’ENGAGEMENT AVEC LES NATIONS AUTOCHTONES ET LES COMMUNAUTÉS LOCALES EST LA CLÉ DU SUCCÈS

Les réseaux d’AMP multiplient les avantages des AMP individuelles. Alors que le Canada s’efforce de respecter son engagement à créer des réseaux d’AMP dans cinq régions, il est essentiel que le gouvernement fédéral travaille en étroite collaboration avec les nations autochtones, les provinces et territoires et les communautés côtières pour s’assurer que les réseaux d’AMP sont bien soutenus, solidement protégés et réellement efficaces.

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CET ARTICLE A ÉTÉ PUBLIÉ DANS LE NUMÉRO PRINTEMPS/ÉTÉ 2022 DE TOUTE NATURE.