SNAP Canada

Inaction des provinces et territoires : le Canada peine à honorer son engagement international en matière de conservation

Un nouveau rapport de la SNAP Canada révèle que les provinces et les territoires doivent en faire plus pour protéger la nature et respecter l’engagement international de création d’aires protégées

Le 22 juin 2021, territoire traditionnel algonquin non cédé/Ottawa (Ontario) – La léthargie des provinces et des territoires en matière de conservation est la principale cause de l’échec du Canada à tenir son engagement international de protéger au moins 17 % de ses terres à l’horizon 2020. Dans un tout nouveau rapport sous forme de bulletin, la Société pour la nature et les parcs du Canada (SNAP Canada) a évalué les gouvernements à l’échelle du pays selon leurs efforts en vue d’atteindre cet objectif : le gouvernement fédéral, le Québec, et les Territoires du Nord-Ouest se sont vus attribuer les meilleures notes (allant de A- à B+), alors que les autres provinces et territoires ont obtenu des notes allants de B à E. Ces gouvernements devront améliorer considérablement leurs performances en matière de conservation dans les années à venir pour permettre au Canada d’inverser le grave déclin de la biodiversité et de respecter son engagement à protéger au moins 30 % de ses milieux terrestres et de ses océans d’ici 2030.

Intitulé Les notes enfin dévoilées : Un bulletin sur les progrès en protection du territoire au Canada, ce document inédit servira de référence pour évaluer les progrès annuels du Canada en vue de l’atteinte de son objectif de protection de 30 % d’ici 2030. Cette évaluation révèle qu’un manque de volonté et d’ambition d’une grande partie du pays a fait échouer les efforts visant à protéger au moins 17 % des milieux terrestres et des eaux intérieures du Canada à l’échéance de 2020. À l’heure actuelle, seulement 13,1 % des terres sont protégées. Le Canada a rempli son objectif de protection de 10 % des océans pour 2020, en le dépassant même pour parvenir à protéger 13,8 % de son patrimoine océanique; toutefois, des inquiétudes subsistent quant à la qualité des mesures de conservation dans certaines zones.

« Sans plus de volonté et d’action de la part des provinces et des territoires, qui sont responsables en bonne partie de la gestion des terres, le Canada ne parviendra pas à restaurer la santé des écosystèmes naturels dont nous dépendons toutes et tous », met en garde Sandra Schwartz, directrice générale nationale de la SNAP Canada. « Un effort collectif est nécessaire pour faire reculer la crise de la biodiversité dont souffre notre planète. »

C’est en 2010 que la plupart des pays du monde, dont le Canada, ont convenu de protéger au moins 17 % des terres et 10 % des océans de la planète à l’horizon 2020 dans le cadre de la Convention des Nations Unies sur la diversité biologique, un traité international sur la conservation et l’utilisation durable de la diversité biologique. En 2015, les gouvernements fédéral, provinciaux, et territoriaux ont repris cet objectif dans le cadre de l’objectif 1 du Canada. Au Canada, la gestion des océans relève principalement du gouvernement fédéral, tandis que les milieux terrestres sont principalement du ressort des gouvernements provinciaux et territoriaux.

Reconnaissant les données probantes quant à la nécessité d’une protection à grande échelle pour préserver la nature, le Canada s’est engagé à protéger 25 % de ses terres et de ses océans d’ici 2025 et 30 % d’ici la fin de la présente décennie. Qui plus est, il encourage les autres nations à adopter un nouvel objectif mondial de protection de 30 % d’ici 2030 au moment de la réunion des signataires de la Convention qui aura lieu en Chine cet automne.

Dans ce premier bulletin de notes, la SNAP Canada a évalué les efforts de création d’aires protégées déployés au cours de la dernière décennie par les gouvernements fédéral, provinciaux, et territoriaux actuels du Canada et a attribué une note à chacun d’entre eux (à l’exception du Nunavut et de l’Île-du-Prince-Édouard, où la SNAP Canada n’est pas présente sur le terrain).

Les meilleurs résultats ont été enregistrés par le Québec (A-), le gouvernement Fédéral (A- pour les zones terrestres et B+ pour les océans), et les Territoires du Nord-Ouest (B+). L’Alberta, l’Ontario, et Terre-Neuve-et-Labrador forment le groupe des retardataires, et reçoivent la note E pour leur inaction et, dans le cas de l’Ontario et de l’Alberta, pour avoir activement freiné les efforts de conservation. Les autres administrations affichent des résultats mitigés.

« Bien que des progrès restent à faire partout, nous tenions à féliciter tout particulièrement le Québec, qui se distingue comme la seule administration à s’être engagée à atteindre les objectifs de protection de 17 % et de 10 %, et à avoir été très près de les réaliser », souligne Sandra Schwartz. 

Depuis 2010, les administrations qui ont réalisé le plus de progrès en matière de protection des milieux terrestres et des océans ont fait preuve d’une forte volonté politique, ont soutenu le leadership autochtone et ont su mettre à profit le financement fédéral accru pour la conservation, notamment grâce à la somme de 1,3 milliard de dollars qu’Ottawa a consacrée à la protection de la nature dans son budget de 2018.

« Ce premier bulletin a pour but de dégager les leçons des réussites et des échecs de la dernière décennie afin de permettre aux parties prenantes de mieux cibler les mesures de conservation pour l’avenir », précise Sandra Schwartz. « À la lumière du récent financement fédéral de plus de 3 milliards de dollars consacrés à la conservation de la nature, dont pourront bénéficier les partenaires, la SNAP Canada s’attend à voir des mesures concrètes et sans plus tarder, et ne ménagera aucun effort pour soutenir ce travail important au cours de la prochaine décennie. »

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Contexte

  • La protection des milieux terrestres et des océans est une condition essentielle pour permettre d’enrayer la perte des habitats fauniques dans le monde, qui représente la principale cause de déclin des populations d’espèces, au Canada et partout sur la planète. Au Canada, on dénombre plus de 600 espèces menacées d’extinction.
  • Des données probantes révèlent qu’il faudra protéger un minimum de 30 % et jusqu’à 70 % des écosystèmes terrestres et océaniques de la planète pour que l’on puisse assurer la santé de la planète et les services écosystémiques essentiels aux personnes. L’objectif de longue date de la SNAP de protéger la moitié des terres, des eaux intérieures, et des océans du Canada est appuyé par la littérature.
  • Une économie bleue robuste repose sur des aires marines protégées (AMP) efficaces. Selon des études récentes, la protection de 30 % des océans dans des AMP efficaces et bien gérées permettrait de rétablir la santé des océans et de générer des retombées économiques de l’ordre de 10 dollars pour chaque dollar investi.
  • Le déclin généralisé de la biodiversité, qui se produit à un rythme jusqu’à mille fois plus rapide que le niveau de référence, représente une menace pour la vie sur Terre et figure désormais parmi les cinq principales menaces pour l’économie mondiale, selon le Forum économique mondial. Selon des estimations récentes de la compagnie d’assurance Swiss Re, plus de la moitié du PIB mondial – soit 42 000 milliards de dollars américains – est tributaire du bon fonctionnement de la biodiversité et des écosystèmes.
  • Au Canada, les parcs et les dépenses des visiteurs dans ces parcs soutiennent 64 000 emplois, contribuent six dollars au PIB pour chaque dollar investi et permettent aux gouvernements de récupérer 44 % de leurs investissements sous forme de taxes et d’impôts. Les parcs et les aires protégées du Canada ne cessent de gagner en importance pour le tourisme intérieur, étant donné les restrictions des voyages internationaux liées à la COVID-19.
  • En juin 2021, les dirigeants des pays du G7, dont le Canada, ont approuvé un Pacte pour la nature dans lequel ils s’engagent à mener une mission mondiale consistant à stopper et à inverser la perte de biodiversité d’ici 2030, notamment en protégeant au moins 30 % des terres et des océans d’ici 2030 dans leur propre pays, et à promouvoir l’objectif de protection de 30 % d’ici 2030 à l’échelle internationale.
  • En octobre 2020, le Canada s’est joint à la Coalition de haute ambition pour la nature et les peuples, un regroupement de 60 pays qui préconisent l’adoption d’un objectif de protection de 30 % d’ici 2030. Toujours en octobre 2020, le premier ministre Justin Trudeau s’est joint à plus de 80 leaders mondiaux pour adhérer au Pacte des dirigeants en faveur de la nature, qui prévoit des engagements à mettre la nature et le climat au cœur des investissements et des stratégies de relance post-COVID-19.
  • La Coalition du budget vert (CBV) regroupe 25 organisations environnementales de premier plan au Canada qui analysent les enjeux de durabilité environnementale et formulent des recommandations financières et budgétaires au gouvernement fédéral. Parmi les publications phares contenant des recommandations sur la conservation de la nature et de la biodiversité en vue du budget fédéral de 2021, notons : Solutions pour le climat axées sur la nature et Création et gestion d’aires protégées, notamment par des programmes d’aires protégées et de gardiens autochtones, parmi d’autres recommandations complémentaires relatives à la conservation de la nature.
  • Consultez notre fiche d’information La valeur économique des investissements dans la nature.
  • Dans un communiqué diffusé en avril 2021, la SNAP applaudit le plus grand investissement dans la nature jamais réalisé par le Canada dans le cadre du budget 2021.

À propos de la SNAP Canada

La Société pour la nature et les parcs du Canada (SNAP Canada) est le seul organisme de bienfaisance pancanadien qui se consacre exclusivement à la protection de nos terres publiques, de nos océans, et de nos eaux intérieures, et qui veille à ce que nos parcs soient gérés de manière à protéger la nature qui y vit. Depuis 1963, nous avons joué un rôle de chef de file pour assurer la protection de plus d’un demi-million de kilomètres carrés de milieux naturels. Notre vision est de protéger au moins la moitié des terres et des eaux publiques du Canada dans un cadre de réconciliation au profit des espèces sauvages et des êtres humains. Pour en savoir plus sur la SNAP et son travail en faveur de la protection du patrimoine naturel du Canada, rendez-vous sur snapcanada.org. Joignez-vous à notre communauté sur Facebook, Twitter, Instagram, et LinkedIn. Faites un don aujourd’hui. Agissez.

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Tracy Walden
Directrice nationale, Communications et Développement, SNAP Canada
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