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SNAP Canada

Changements Climatiques

Lisez notre plus récent rapport ici:

Les Aires Protégées, Une Solution Climatique Fondée sur la Nature

Par Risa B. Smith, Ph.D

Les humains sont confrontés à une double crise : une perte de biodiversité sans précédent et les effets catastrophiques des changements climatiques. Près d’un million d’espèces sont menacées d’extinction, principalement en raison de la perte d’habitat, de la surexploitation et des changements climatiques. Les émissions de gaz à effet de serre (GES) ont atteint des niveaux jamais vus au cours des 800 000 dernières années, ce qui a entraîné une intensification des vagues de chaleur, une multiplication des tempêtes violentes et une élévation du niveau de la mer. Les communautés du monde entier sont affectées. Chaque crise exacerbe l’autre, et les changements climatiques entraînent l’extinction de populations et d’espèces entières ainsi que la perte de biodiversité, ce qui rend les écosystèmes plus vulnérables aux changements climatiques. 

Rejoignez le mouvement pour protéger 30% des terres et des océans d’ici 2023.

Biodiversité

Terme qui englobe tous les êtres vivants de la planète, y compris les humains, les autres espèces animales, les plantes et les espèces microscopiques.

Solutions climatiques fondées sur la nature

Les solutions fondées sur la nature sont des « solutions aux défis sociétaux qui impliquent de travailler avec la nature » pour apporter des avantages à la fois au bien-être humain et à la biodiversité. Les solutions climatiques fondées sur la nature (SCFN) sont un sous-ensemble de solutions fondées sur la nature qui visent spécifiquement l’atténuation des effets des changements climatiques et l’adaptation à ceux-ci, tout en procurant de multiples avantages à la biodiversité et aux populations. Les SCFN comprennent de nombreuses actions telles que la protection, la restauration et une meilleure gestion des ressources biologiques. Cependant, un consensus se dégage sur le fait que les aires protégées conçues et gérées efficacement sont les SCFN qui offrent la plus haute valeur totale par hectare.

Selon le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), une hausse de 1,5 °C de la température moyenne mondiale mettra 20 à 30 % des espèces de la planète en danger d’extinction. Le Canada a déjà connu une augmentation de 1,7 °C de la température depuis 1948, soit le double de la moyenne mondiale. Nous devons réduire considérablement nos émissions de GES afin d’enrayer la hausse de température et les changements environnementaux qui en découlent.

Le Canada abrite certains des écosystèmes les plus denses en carbone au monde. Les forêts boréales et tempérées primaires restantes, les tourbières nordiques, les prairies anciennes et les écosystèmes marins côtiers peuvent contribuer de façon importante à l’atteinte des cibles d’émissions de GES. Les écosystèmes à forte teneur en carbone du Canada sont actuellement mal représentés dans ses aires protégées.

Les gouvernements canadiens à tous les niveaux se sont engagés à réduire les émissions de GES responsables des changements climatiques et à renforcer les mesures de protection de la biodiversité. Si le gouvernement fédéral respecte son engagement en vertu de l’Accord de Paris de réduire les émissions de GES de 30 % par rapport aux niveaux de 2005 d’ici 2030, les écosystèmes du Canada connaîtront une plus grande stabilité et soutiendront mieux la biodiversité. Les solutions fondées sur la nature constitueront une partie importante du processus. Le Canada doit accorder la priorité à la protection des zones d’importance écologique et culturelle qui chevauchent des écosystèmes à forte teneur en carbone comme les forêts boréales, les terres humides, les prairies, les tourbières et les zostères.

Des aires protégées bien conçues et gérées de manière efficace et équitable se sont avérées scientifiquement efficaces pour la conservation de la nature et offrent le plus grand avantage total par hectare en tant que solutions climatiques fondées sur la nature (SCFN).

L’adoption de SCFN devrait être menée en reconnaissance des droits et des titres des terres autochtones, dans le respect du savoir autochtone et avec l’assurance que les peuples autochtones dirigent les décisions d’utilisation des terres sur leurs territoires.

Les aires protégées sont une solution climatique cruciale, car elles préservent la capacité naturelle des écosystèmes à séquestrer le dioxyde de carbone de l’atmosphère. En gérant ces zones et en empêchant leur conversion à d’autres usages, elles contribuent de manière significative à la réduction des émissions de GES.

Les aires protégées, notamment les forêts, les prairies, les zones humides et les milieux marins, ont un important potentiel de séquestration et de stockage du dioxyde de carbone. Les scientifiques estiment que la sauvegarde de ces zones pourrait entraîner des réductions significatives des émissions mondiales. Par exemple :

  • La protection de 900 km2 par année de forêts anciennes au Canada de 2021 à 2030 représenterait de 5 à 6 % des réductions d’émissions auxquelles le Canada s’est engagé;
  • La protection des prairies indigènes restantes au Canada (12 700 km2) permettrait de séquestrer l’équivalent de 0,7 à 0,8 % des réductions d’émissions auxquelles le Canada s’est engagé et de protéger de deux à trois gigatonnes de carbone qui est stocké dans ces anciennes prairies, contre le rejet dans l’atmosphère;
  • Les basses terres de la baie d’Hudson, la deuxième plus grande zone de tourbières intactes au monde, ont séquestré l’équivalent de 11 % des émissions totales du Canada en 2020 et ont empêché le rejet des 30 gigatonnes de carbone qui y sont stockées.

La protection des écosystèmes riches en carbone au Canada, comme les complexes de tourbières nordiques dans les basses terres de la baie d’Hudson et le bassin du fleuve Mackenzie, les forêts boréales et tempérées anciennes, les systèmes côtiers de carbone bleu, y compris les prairies de zostères et les marais salants restants sur les trois côtes, et les écosystèmes anciens des Prairies, contribuerait directement aux engagements de réduction des émissions du pays. La préservation de ces zones garantirait le stockage du carbone et empêcherait son rejet dans l’atmosphère.