SNAP Canada

COP15 : Retour sur les nouvelles de la semaine 1 et avant-goût de la semaine 2

Panneau COP15 à l’extérieur du Palais des congrès de Montréal

Du 5 au 17 décembre, le personnel de la SNAP et ses partenaires autochtones de tout le pays se sont retrouvés à Montréal dans le cadre de la 15e Conférence des parties à la Convention sur la diversité biologique, plus connue sous le nom de COP15 ou COPNature.

Cette conférence déterminante poursuit un objectif principal : permettre à la communauté internationale de convenir d’un programme et de travailler ensemble afin de stopper et d’inverser une fois pour toutes le déclin de la biodiversité au profit des générations actuelles et futures.

Nous sommes ensemble à Montréal pour maintenir la pression sur les instances décisionnelles et pour faire entendre la voix de la nature.

Il peut être difficile de suivre tout ce qu’il se passe lors d’une grande conférence comme celle-ci, voici dont un résumé des choses essentielles à retenir de la première semaine de la COP15.

Le SNAP Canada à la COP15

L’équipe nationale de la SNAP a organisé trois événements au cours de la première semaine afin d’offrir à ses partenaires autochtones des plateformes de diffusion de connaissances et de promotion des initiatives extraordinaires en matière de conservation menée par les Autochtones, laquelle est essentielle pour stopper et inverser la perte de biodiversité de manière équitable, juste et efficace.

  • En partenariat avec l’Assemblée des Premières Nations, nous avons organisé un panel de discussion qui a donné le coup d’envoi du Pavillon Nature Positive lors de la première journée de la COP15. Le panel a été animé par Gwen Bridge et comptait comme intervenants Patti Saulis, directrice générale du Conseil de conservation de la Nation Malécite; Matthew Munson, directeur des terres de la Première Nation Dene Tha’; Stephanie Thorassie, directrice générale de la Seal River Watershed Alliance; et Wanli Ou, conseiller principal en politiques à l’Assemblée des Premières Nations. Nous tenons à remercier Patti Saulis d’avoir ouvert et clôturé le panel.

Plus tard dans la journée, notre directrice générale, Sandra Schwartz, a animé un panel au Pavillon du Canada auquel ont participé Lauren Terbasket de la Première Nation de Lower Similkameen, Matthew Munson de la Première Nation Dene Tha’, Tina Giroux de Ya’thi Nene Lands and Resources/Première Nation Denesųłiné d’Athabasca, et Dolorès André de l’organisation Uapashkuss. 

  • Nous avons également organisé une réception qui a attiré quelque 200 leaders et représentants autochtones, décideurs et partenaires du domaine de la conservation du monde entier qui voulaient en apprendre davantage sur la conservation menée par les Autochtones au Canada. Au nombre des intervenants figuraient le chef Doug Neasloss, conseiller en chef élu et directeur de l’intendance des ressources des Kitasoo/Xai’xais; Tina Giroux et Fred Throassie de Ya’thi Nene Lands and Resources/Denesųłiné d’Athabasca; ainsi que Jewel Davies et Shauna Yeomans, de jeunes leaders du Yukon First Nations Climate Change Fellowship. Étaient présents à l’événement le ministre de l’Environnement et du Changement climatique du Canada, Steven Guilbeault, ainsi que des hauts représentants des gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux.
Discussion et échange sur les aires protégées et de conservation autochtones au Pavillon du Canada
Panel « Advancing Indigenous Protected and Conserved Areas on Land and Ocean » au Pavillon Nature Positive
Le ministre Guilbeault prend la parole lors de la réception de la SNAP Canada pour souligner et célébrer la conservation menée par les Autochtones

Cérémonies d’ouverture

La COP15 a débuté par une cérémonie officielle de bienvenue et une prière prononcée par le chef traditionnel de la nation Onondaga, Tadodaho Sid Hill, qui a souligné la nécessité de « faire front commun ». Dans son discours d’ouverture, le premier ministre Trudeau a déclaré : « Si le monde ne peut pas s’entendre sur quelque chose d’aussi fondamental que la protection de la nature, et bien, plus rien ne compte. » Son discours a été interrompu par des militants des droits des autochtones, qui ont protesté au son des tambours. Dans son allocution, le premier ministre a souligné l’engagement du Canada à protéger 30 % de ses terres et de ses eaux d’ici 2030 en précisant : « On n’a pas choisi ce 30 % au hasard. Selon les plus grands scientifiques, c’est le seuil critique pour éviter les risques d’extinction. » Le secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres, a adopté un ton aussi ferme, en parlant même de l’humanité comme une « arme d’extinction massive ».

Faire avancer la conservation menée par les Autochtones

Lors du lancement de la COP15 à Montréal, le premier ministre Trudeau a annoncé un nouveau financement international de 350 millions de dollars canadiens destiné à la biodiversité. Il s’agit d’une étape cruciale vers la concrétisation d’un cadre mondial ambitieux sur la biodiversité, car le financement international provenant de nations riches, comme le Canada, est essentiel pour combler le déficit de financement de la biodiversité et aider les nations moins fortunées à stopper et à inverser le déclin de la nature.

Le gouvernement du Canada s’est allié aux Nations autochtones afin de créer un modèle de financement de la conservation visant à stimuler la conservation de l’environnement à grande échelle. Cette démarche comprend un investissement de 800 millions de dollars, ce qui représente un progrès notable vers la protection équitable de la nature et la transformation de la conservation de la nature d’ici 2030.

La SNAP salue par ailleurs l’Indigenous Leadership Initiative (ILI) pour l’établissement d’un réseau national de gardiens autochtones qui aidera les Premières Nations à protéger la biodiversité dans tout le Canada. Le ministre de l’Environnement et du Changement climatique du Canada, Steven Guilbeault, a également annoncé un financement fédéral pour soutenir cette initiative de la plus haute importance.

En outre, nous avons célébré la signature, par la Première Nation Deninu Kųę́ (PNDK) et le gouvernement métis de Fort Resolution (GMFR) avec Environnement et Changement climatique Canada (ECCC) d’un accord de contribution de 3,1 millions de dollars portant sur l’élaboration d’une proposition d’aires protégées et de conservation autochtones (APCA) visant une partie du delta de la rivière des Esclaves et des portions du bassin hydrographique de la rivière Taltson.

Échos du Québec à la COP15

La province du Québec a annoncé son Plan Nature assorti d’un budget de 650 millions de dollars, soit le plus important investissement de la province dans la protection de la biodiversité. Le lancement de ce plan est aligné sur le Cadre mondial pour la biodiversité et vient rappeler le soutien de la province à la sauvegarde de 30 % de son territoire d’ici 2030.

Le personnel de la SNAP à la Grande marche pour le vivant à la COP15

Le Collectif COP15 de la société civile québécoise, constitué de soixante-sept organisations québécoises, a organisé la Grande marche pour le vivant. Des milliers de personnes ont participé à cette manifestation pour démontrer le large soutien du public à la conservation et inciter les gouvernements à prendre des mesures concrètes et ambitieuses en faveur de la protection de la nature.

La SNAP Québec et le Collectif ont également dévoilé l’Appel de Montréal lors de l’événement de clôture de leur conférence de deux jours sur les solutions aux causes sous-jacentes de la perte de biodiversité, qui s’est tenue à l’Université du Québec à Montréal (UQAM) en marge de la COP15. Parmi les panélistes de cet événement figuraient le directeur général de SNAP Québec, Alain Branchaud, ainsi que des ministres fédéraux et provinciaux, la mairesse de Montréal et la grande chef de la Nation crie d’Eeyou Istchee. L’Appel invite les parties prenantes du monde entier à poursuivre le dialogue sur les solutions transformatrices qui permettraient de mettre fin à un modèle économique et à un système de valeurs néfastes pour la nature.  Selon le ministre fédéral de l’Environnement et du Changement climatique, Steven Guilbeault, « Il est urgent de freiner et de renverser la perte alarmante de la biodiversité, partout dans le monde et ici au Canada. (…) L’Appel de Montréal est une étape importante, car il favorise le dialogue sur les solutions visant à éliminer les causes sous-jacentes de la perte de la biodiversité. »

La SNAP Québec a organisé plusieurs autres événements, avec des partenaires autochtones, pour mettre en évidence le leadership sur le terrain des communautés et des nations autochtones au chapitre de la conservation et de la gestion de leur territoire, et aussi pour réclamer la reconnaissance de leur légitimité en termes de gouvernance.

La Communauté métropolitaine de Montréal, qui représente 82 municipalités, a également annoncé son engagement à protéger 30 % de la nature dans le Grand Montréal d’ici 2030 de manière à s’aligner sur les objectifs fédéraux. Cet engagement comprend l’établissement, d’ici 2030, d’un réseau de parcs urbains qui s’étendra sur plus de 14 000 hectares – soit 37 fois la superficie du parc du Mont Royal – et la création de nouveaux parcs urbains par le biais d’un programme de boisement.

Plein feux sur les négociations

Malgré le rythme laborieux des négociations, les parties font des progrès et impriment un élan positif aux travaux. Cette tendance marque un tournant réjouissant par rapport aux reculs observés lors des séances de négociation tenues plus tôt dans l’année.

Bien que de nombreux sujets soient à l’ordre du jour de la COP15, celui qui retient le plus notre attention est le cadre mondial pour la biodiversité, censé être finalisé lors de cette conférence – cet accord devrait ouvrir la voie pour que l’humanité vive en harmonie avec la nature d’ici à 2030.

Le Cadre mondial pour la biodiversité

Le Cadre mondial pour la biodiversité identifie cinq objectifs principaux et 22 cibles portant sur des thèmes tels que la conservation des terres et des océans, la lutte contre les changements climatiques, le renforcement des mécanismes de comptabilisation et d’établissement de rapports, la réorientation des subventions néfastes pour la biodiversité à des fins de protection de la nature, etc. Les délégués de la COP15 travaillent tard dans la plupart des soirées afin d’examiner la formulation et les dispositions du cadre et de parvenir à un consensus. Les principaux défis comprennent :

Le financement du Cadre

Une coalition de pays en développement d’optique commune continue d’insister sur le la nécessité pour les pays riches de consacrer davantage de fonds à la mise en œuvre complète et équitable du Cadre mondial pour la biodiversité pour assurer la conclusion d’un accord robuste à Montréal.

Le Cadre mondial de la biodiversité pour l’après-2020 : la cible 3

Les négociations sont en cours concernant la cible 3, qui comprend la proposition de protéger 30 % des terres et des océans d’ici 2030. Les 120 membres de la Coalition de haute ambition pour la nature et les peuples continuent de préconiser un objectif puissant de protection d’au moins 30% des terres et des océans, et qui prend en compte la qualité de la conservation et le respect des droits autochtones. Cependant, nous craignons que certains pays ne fassent pression pour réduire de manière substantielle le pourcentage de la cible de protection des océans.

Les peuples autochtones et les communautés locales

Des discussions soutenues ont eu lieu quant au fait que le texte du cadre regroupe les peuples autochtones et les communautés locales. Certaines parties ont proposé que le texte fasse état des droits spéciaux des peuples autochtones et de la nécessité d’un « consentement libre, préalable et éclairé », conformément à la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones.

Les dossiers que nous surveillons à la COP15

Le gouvernement fédéral a annoncé sa stratégie sur les minéraux critiques. Nous craignons que cette stratégie n’ouvre la porte à un déferlement de projets d’exploration et de développement miniers qui pourraient compromettre la capacité du Canada à respecter son engagement à stopper et à inverser la perte de biodiversité. Nous saluons le fait que la stratégie fasse référence au consentement libre, préalable et éclairé pour la conservation menée par les Autochtones et à la nécessité de prévenir la perte de biodiversité, mais nous restons sur notre faim quant à l’apathie et au manque de détails du texte.

Sur une note plus positive, lors d’un événement parallèle de la SNAP Québec, le ministre Guilbeault a annoncé un engagement à respecter les promesses d’éliminer les subventions aux combustibles fossiles dans la première moitié de 2023, et a reconnu la nécessité d’entreprendre une démarche similaire pour éliminer les subventions néfastes pour la nature. Ces engagements assortis d’échéances sont importants pour assurer que le budget du gouvernement fédéral tienne compte de l’engagement à stopper et inverser la perte de biodiversité d’ici 2030. De notre côté, nous veillerons à ce que le gouvernement fédéral honore cette promesse.

Pêches et Océans Canada (MPO) a également publié la mise à jour tant attendue de ses directives sur les autres mesures de conservation efficaces par zone (AMCEZ) en milieu marin. Nous examinons actuellement ce document tout en le comparant aux directives précédentes et aux commentaires fournis par la SNAP et nos partenaires du domaine de la conservation. Restez à l’affût pour connaître les résultats de notre évaluation au cours des prochains jours.