SNAP Canada

Le Canada peut atteindre son objectif de protection de 30 % d’ici 2030, selon un rapport de la SNAP Canada

Des aires protégées terrestres et marines potentielles ont été identifiées – il faut maintenant que les gouvernements agissent rapidement et en collaboration avec les partenaires autochtones

Le 16 juin 2022, territoire traditionnel algonquin non cédé/Ottawa (Ontario) – La Société pour la nature et les parcs du Canada (SNAP Canada) publie pour la première fois un rapport définissant une voie à suivre pour aider le Canada à respecter son engagement de protéger 30 % de ses terres et de ses océans d’ici la fin de la décennie. Pour atteindre cet objectif, les gouvernements devront faire preuve d’une volonté politique accrue ainsi qu’accélérer la mise en œuvre des projets existants de protection du territoire et saisir de nouvelles opportunités, en particulier les initiatives de conservation menées par les Autochtones.

Intitulé, Feuille de route pour 2030 : Atteindre les objectifs de protection terrestre et marine du Canada, ce rapport identifie des douzaines d’opportunités de protection terrestre et marine à travers le Canada, dont les projets de planification d’utilisation des terres et/ou de conservation en cours ou déjà engagés, ainsi que des initiatives de conservation menées par les Autochtones. Si tous les sites potentiels sont retenus et désignés d’ici 2030, le Canada parviendra à plus que doubler la superficie des terres actuellement protégées, qui passerait de 13,5 % à 29,3 %, soit à peine en deçà de l’objectif de 30 %; alors que la superficie des milieux marins protégés passerait de 13,9 % à 30,4 %, dépassant l’objectif fixé.

D’après le rapport de la SNAP Canada, sept provinces et territoires – Yukon, Territoires du Nord-Ouest, Nunavut, Québec, Ontario, Manitoba et Colombie-Britannique – concentrent la plus vaste superficie combinée de sites terrestres pouvant être protégés. Si le Canada tient à honorer son engagement mondial, il devra faire preuve de volonté politique, mobiliser des ressources financières à long terme et être prêt à prioriser la conservation menée par les Autochtones.

Dans le cas des océans, les possibilités de conservation se trouvent sur les côtes arctiques, atlantiques et pacifiques du Canada – la concrétisation de ces possibilités repose sur la collaboration avec les partenaires autochtones et sur la volonté politique des ministères et organismes gouvernementaux d’atteindre les objectifs et d’assurer une protection de qualité.

Le rapport nous apprend qu’une très grande proportion des zones de conservation potentielles sont des initiatives autochtones. Ce constat place la barre très haut pour les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux, qui doivent faire de la collaboration avec les nations autochtones une priorité dans ce travail primordial visant à stopper et à inverser la perte de biodiversité au Canada.

Dans la lignée des conclusions du Bulletin de notes 2021 de la SNAP Canada, la nouvelle Feuille de route révèle que le plus grand défi est le manque de volonté politique des provinces et des territoires vis-à-vis les secteurs offrant les meilleures perspectives en matière de conservation terrestre. Le manque de financement permanent pour soutenir la protection de ces secteurs à long terme demeure un problème aussi bien pour la conservation des terres que celle des océans.

« Malgré les progrès importants réalisés en matière de conservation terrestre dans des endroits comme le Québec et le Yukon, la plupart des provinces et territoires ne font pas assez d’efforts pour soutenir la création de nouvelles aires protégées, ce qui constitue un obstacle de taille à l’avancement de ce processus », explique Sandra Schwartz, directrice générale nationale de la SNAP Canada.

« Quand on voit l’ambition et le leadership des communautés autochtones, et les engagements pris par le gouvernement fédéral pour financer et soutenir ces efforts décisifs, on constate que ce dont on a besoin de toute urgence c’est d’un changement majeur dans la manière dont les organismes et les partenaires de gouvernance compétents interviennent et collaborent efficacement et rapidement sur la question de la conservation », ajoute Mme Schwartz.

Voici quelques-unes des principales recommandations formulées dans la Feuille de route :

  • S’engager à contribuer à la réalisation de l’objectif de 30 % et faire avancer les opportunités existantes de conservation des terres et des océans, y compris les propositions d’aires protégées et les processus d’aménagement du territoire, tout en faisant des initiatives menées par les Autochtones une priorité;
  • Fixer des objectifs de protection ambitieux de 30 % pour chaque juridiction, entamer immédiatement la planification afin d’identifier des sites supplémentaires à protéger pour atteindre ces objectifs, et établir un plan d’action pour réaliser les engagements;
  • Mettre l’accent non seulement sur la proportion de terres et d’océans conservés, mais aussi sur le type de zones à protéger – comme les secteurs à forte biodiversité et ceux qui abritent des espèces en péril – et veiller à ce que les sites bénéficient d’une protection complète et à long terme;
  • Augmenter le financement pour être en accord avec les ambitions, notamment en prévoyant un financement important et permanent pour soutenir la création et la gestion à long terme des aires protégées terrestres et marines dans tout le pays.

La Feuille de route souligne également les engagements fédéraux majeurs qui permettront de renforcer la protection des terres et des océans au Canada, notamment un investissement de 3,2 milliards de dollars dans la conservation de la nature prévu dans le budget fédéral de 2021 et l’engagement à créer 10 nouveaux parcs nationaux, 15 nouveaux parcs urbains nationaux et 10 nouvelles aires marines nationales de conservation.

« Compte tenu de l’importance mondiale des écosystèmes et des espèces présentes au Canada, la nature du monde entier est menacée si nous ne parvenons pas à nous mobiliser avant qu’il ne soit trop tard. Il faut commencer dès maintenant à opérer les changements qui s’imposent dans la façon dont nous collaborons en matière de conservation et dans la façon dont nous planifions l’avenir », fait valoir Mme Schwartz. « Si nous parvenons à mobiliser les provinces et les territoires autour de l’importance cruciale de cette tâche et de la nécessité de prioriser la conservation menée par les Autochtones, le Canada se trouvera en bonne position pour bâtir un avenir prometteur et bénéfique pour la nature. »

Le Canada s’est joint à la Coalition de haute ambition pour la nature et les peuples, regroupement d’une centaine de pays qui préconise l’adoption d’un objectif mondial de protection d’au moins 30 % des terres et des océans d’ici 2030. Cet objectif devrait constituer l’un des piliers du nouveau Cadre mondial sur la biodiversité, que les parties à la Convention sur la diversité biologique des Nations Unies sont censées approuver cet automne.    

Contexte

  • En mai 2022, la SNAP Canada a lancé une campagne nationale pour promouvoir le mouvement en faveur de la protection de 30 % des terres et des océans du Canada d’ici 2030. Dans cette campagne, les Canadiens et Canadiennes sont invités à exhorter les gouvernements à protéger les espaces naturels du Canada afin de contrer la perte de biodiversité et les changements climatiques. Pour en savoir plus et rejoindre le mouvement, rendez-vous sur snapcanada.org/nattendonsplus;
  • La protection des terres et des océans est fondamentale pour endiguer la perte des habitats fauniques et des milieux naturels dans le monde, qui représente la principale cause de déclin des populations d’espèces, au Canada et partout sur la planète. On dénombre plus de 600 espèces menacées d’extinction au Canada;
  • Des données probantes révèlent qu’il faudra protéger un minimum de 30 % et jusqu’à 70 % des écosystèmes terrestres et océaniques de la planète pour que l’on puisse assurer la santé de la planète et les services écosystémiques essentiels aux populations. L’objectif de longue date de la SNAP Canada de protéger la moitié des terres, des eaux intérieures, et des océans du Canada est largement supporté par la littérature scientifique;
  • Le déclin généralisé de la biodiversité, qui se produit à un rythme jusqu’à mille fois plus rapide que le niveau de référence, représente une menace pour la vie sur Terre et figure désormais parmi les cinq principales menaces pour l’économie mondiale, selon le Forum économique mondial. Selon des estimations récentes de la compagnie d’assurance Swiss Re, plus de la moitié du PIB mondial – soit 42 000 milliards de dollars américains – est tributaire du bon fonctionnement de la biodiversité et des écosystèmes;
  • Une économie bleue vigoureuse repose sur des aires marines protégées (AMP) efficaces. Selon des études récentes, la protection de 30 % des océans dans des AMP efficaces et bien gérées permettrait de rétablir la santé des océans et de générer des retombées économiques de l’ordre de 10 dollars pour chaque dollar investi;
  • Au Canada, les parcs et les dépenses des visiteurs dans ces parcs soutiennent 64 000 emplois, contribuent six dollars au PIB pour chaque dollar investi et permettent aux gouvernements de récupérer 44 % de leurs investissements sous forme de taxes et d’impôts. Les parcs et les aires protégées du Canada ont gagné en importance pour le tourisme intérieur, étant donné les restrictions des voyages internationaux liées à la COVID-19;
  • En juin 2021, les dirigeants des pays du G7, dont fait partie le Canada, ont approuvé un Pacte pour la nature dans lequel ils s’engagent à mener une mission mondiale consistant à stopper et à inverser la perte de biodiversité d’ici 2030, notamment en protégeant au moins 30 % des terres et des océans d’ici 2030 dans leur propre pays, et à promouvoir l’objectif de protection de 30 % d’ici 2030 à l’échelle internationale;
  • En juin 2020, le Canada a adhéré à l’Alliance mondiale pour les océans et s’est engagé à protéger 30 % de ses océans d’ici 2030;
  • En octobre 2020, le Canada s’est joint à la Coalition de haute ambition pour la nature et les peuples, un regroupement de quelque 100 pays qui préconisent l’objectif de protection de 30 % d’ici 2030;
  • Toujours en octobre 2020, le premier ministre Justin Trudeau s’est joint à d’autres leaders mondiaux (93 actuellement) pour adhérer au Pacte des dirigeants en faveur de la nature, qui prévoit des engagements à mettre la nature et le climat au cœur des investissements et des stratégies de relance post-COVID-19;
  • La Coalition du budget vert (CBV) regroupe 25 organisations environnementales de premier plan au Canada qui analysent les enjeux de durabilité environnementale et formulent des recommandations au gouvernement fédéral sur les questions fiscales et budgétaires. Les recommandations en matière de conservation de la nature et de la biodiversité pour le budget fédéral 2022 portaient sur le financement permanent pour les aires protégées, y compris les aires protégées autochtones et les programmes des gardiens autochtones, entre autres recommandations complémentaires;
  • Consultez notre fiche d’information sur la valeur économique des investissements dans la nature;
  • Dans un communiqué diffusé en avril 2021, la SNAP applaudit le plus grand investissement dans la nature jamais réalisé par le Canada dans le cadre du budget 2021.

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À propos de la SNAP Canada

La Société pour la nature et les parcs du Canada (SNAP Canada) est le seul organisme de bienfaisance au Canada qui se consacre à la protection de nos terres publiques, de nos eaux intérieures et de nos océans grâce à une forte présence nationale et régionale dans tout le pays. Œuvrant dans le respect de la souveraineté et du leadership des nations autochtones, nous sommes déterminés à protéger la nature pour contrer la double crise de la perte accélérée de la biodiversité et des changements climatiques. Notre vision est la protection permanente d’au moins la moitié des terres, des eaux intérieures et des océans du Canada afin de soutenir la nature et les êtres humains aujourd’hui et pour les générations futures. Pour en savoir plus sur la SNAP et son travail en faveur de la protection du patrimoine naturel du Canada, rendez-vous sur snapcanada.org. Joignez-vous à notre communauté sur Facebook, Twitter, Instagram et LinkedIn. Faites un don aujourd’hui. Agissez.

Pour de plus amples informations, prière de contacter :

Tracy Walden
Directrice nationale, Communications et Développement, SNAP Canada
[email protected]
613-915-4857