L’engagement du Canada et de plus de 100 autres pays à mettre fin à la destruction des forêts d’ici 2030 figure parmi les annonces les plus prometteuses du sommet des Nations unies sur le climat qui a eu lieu à Glasgow en novembre 2021.
Le défrichement des forêts et les autres modifications des terres sont à l’origine de près d’un quart des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Le renversement de cette tendance signifierait qu’il y aurait plus d’arbres pour absorber ces émissions. Il est important de noter que la protection des forêts contribue également à endiguer la disparition des espèces. La sauvegarde de la nature offre un espoir de résoudre la double crise du climat et de la perte de biodiversité.
Le texte complet en français ci-dessous.
Le Canada doit prendre l’initiative dans la lutte contre le changement climatique et la perte de biodiversité
PAR SANDRA SCHWARTZ LE 9 NOVEMBER 2021
L’engagement du Canada et de plus de 100 autres pays à mettre fin à la destruction des forêts d’ici 2030 figure parmi les annonces les plus prometteuses du sommet des Nations unies sur le climat qui a eu lieu à Glasgow en novembre 2021.
Le défrichement des forêts et les autres modifications des terres sont à l’origine de près d’un quart des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Le renversement de cette tendance signifierait qu’il y aurait plus d’arbres pour absorber ces émissions. Il est important de noter que la protection des forêts contribue également à endiguer la disparition des espèces. La sauvegarde de la nature offre un espoir de résoudre la double crise du climat et de la perte de biodiversité.
Le Canada est déjà passé par là, et a malheureusement produit des résultats décevants. En 2014, le pays faisait partie des quelque 200 signataires de la Déclaration de New York sur les forêts, un engagement volontaire à protéger les forêts du monde entier. Cependant, la déforestation s’est accélérée depuis. Un examen récent a conclu que les efforts promis dans cette déclaration doivent être quintuplés d’ici 2030 pour que les forêts contribuent à maintenir la hausse des températures sous 1,5℃.
Le respect du nouvel engagement de Glasgow concernant les forêts nécessitera un effort similaire. Le Canada compte à lui seul 20 % des forêts encore intactes de la planète, ce qui lui donne une place toute naturelle pour mener la charge.
Notre pays est déjà considéré comme un champion mondial de la conservation. Nous avons été la première nation industrialisée à signer la Convention des Nations unies sur la diversité biologique il y a près de 30 ans, et le secrétariat de la Convention se trouve à Montréal. Plus récemment, nous avons adhéré au Pacte du G7 pour la nature, à l’Engagement des dirigeants pour la nature, à la High Ambition Coalition for Nature and People et à la Global Ocean Alliance.
Ce ne sont pas que des paroles. Les investissements sans précédent d’Ottawa dans la conservation au cours des trois dernières années ont déjà aidé le Canada à prendre des mesures pour atteindre l’objectif promis de protéger 25 % des terres et des océans d’ici 2025 et 30 % d’ici 2030. Le pays s’est notamment engagé à créer dix nouveaux parcs nationaux et dix aires marines de conservation nationales au cours des cinq prochaines années et à établir quinze nouveaux parcs urbains nationaux d’ici 2030.
Cependant, nous ne sommes toujours pas à la hauteur des défis. Chaque année, l’exploitation forestière industrielle emporte plus de 400 000 hectares des forêts canadiennes que nous nous sommes pourtant engagés à protéger, et le Canada se classe désormais au troisième rang pour la perte de forêts intactes, derrière le Brésil et la Russie. De plus, la faiblesse de nos garanties juridiques et politiques en matière de biodiversité fait en sorte que la perte de nos espaces naturels s’accélère d’année en année.
Le monde a besoin de plus de notre part. Tout d’abord, le Canada doit cesser d’utiliser une définition floue de la déforestation qui lui permet de justifier l’expansion continue des activités d’exploitation dans les forêts intactes. Dans l’esprit de l’accord de Glasgow, toute perte de forêt et toute dégradation des terres doivent cesser.
De plus, les aires terrestres et marines protégées du Canada doivent être conçues, gérées, protégées et reliées de manière à assurer une conservation efficace de la biodiversité. Selon un nouveau rapport sur les océans publié par notre organisation, de nombreux sites océaniques qu’Ottawa considère comme des aires marines protégées ne sont que faiblement protégés. Quant à lui, notre récent rapport sur la conservation au Canada a révélé que de nombreux gouvernements provinciaux et territoriaux ne font pas leur part pour sauver la nature et aider le Canada à atteindre ses objectifs en matière de conservation.
Voilà pourquoi la coordination de la conservation doit mobiliser tous les niveaux de gouvernement et d’autres partenaires, afin de favoriser la collaboration vers l’atteinte de nos objectifs de protection. Les gouvernements doivent continuer de soutenir et d’encourager la conservation menée par les Autochtones et les programmes de gardiens autochtones qui renforcent l’intendance et la protection des terres et des océans tout en encourageant la réconciliation.
Enfin, le Canada doit jouer franc jeu lorsqu’il compte sur la nature pour l’aider à lutter contre le changement climatique. Les solutions fondées sur la nature, comme la protection des forêts, doivent accompagner et non remplacer la réduction des émissions de combustibles fossiles. Ces solutions doivent être mises en œuvre dans des endroits et selon des modalités qui maximisent les avantages pour le climat et la biodiversité, tout en respectant le leadership autochtone.
Les regards du monde sont tournés vers nous. Alors que le gouvernement fédéral accueille son nouveau Parlement et prépare son discours du Trône plus tard ce mois-ci, les promesses que nous avons faites à Glasgow – dont notre engagement à protéger les forêts – doivent figurer parmi nos plus grandes priorités. Nous avons besoin d’une action urgente et innovatrice relativement au climat et à la biodiversité, et nous devons adopter des objectifs et des échéances en vue de construire un Canada équitable, carboneutre et protecteur de la nature.
La science est claire. La protection des terres et des océans est vitale si nous souhaitons éviter la menace d’effondrement mondial dû à la double crise du changement climatique et de la perte de biodiversité. Le Canada doit faire preuve de leadership si nous voulons éviter ces deux catastrophes mondiales. Avec ses vastes étendues de forêts et le plus grand littoral de la planète, le Canada doit donner l’exemple. Montrons au monde que l’espoir est dans notre nature.
Sandra Schwartz est la directrice générale nationale de la Société pour la nature et les parcs du Canada (SNAP Canada).